Promenade pour dépasser les épreuves, désolations et peines de la vie.
Ce livre est une méditation sur la tristesse, ce sentiment qui nous relie à notre royaume intérieur par le chemin des larmes. Dans cette tristesse, nous pouvons trouver une étrange paix qui nous apprend à vivre en équilibre entre présence et absence. Et, si nous savons l’écouter, nous découvrons une joie. Une joie inexpugnable. Car la tristesse n’est pas le contraire de la joie : c’est la joie qui reprend son souffle, qui fait une halte pour mieux s’élancer.
Cet ouvrage n’est pas l’oeuvre d’un érudit, mais d’un flâneur. En nous ouvrant le jardin secret de ses passions littéraires et de ses peines personnelles, l’auteur nous invite à revisiter les sentiers buissonniers de nos propres vies.
1.La tristesse des modernes : vivre plus haut
« Il nous faudra quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n’y étions entrés, »
disait Soljénistisme dans le déclin du courage.
Pour ne pas nous contenter de chercher le repos d’un bonheur fade et tranquille,
nous pouvons prendre de la hauteur de vue et de vie.
2. La science de l’adieu : se laisser travailler
« La tristesse est la vie qui incorpore ses deuils, ses épreuves et la mort au cœur de la vie. C’est une œuvre dont je suis le lieu, un travail dont je suis l’objet. »
2. A l’écoute des tristesses du monde : écouter nos fragilités collectives
« Que serait un peuple sans tristesse ? Un peuple sans humanité, sans fragilité, sans conscience de notre précarité de toutes choses, sans ombre nécessaire à entreprendre les plus grandes ? «
Que serait une communauté, une entreprise, une famille sans tristesse, sans ce goût d’entreprendre dans nos fêlures et attentes de mieux ?
3. Cela a un très beau nom, cela s’appelle l’aurore : choisir la vie féconde
Notre tristesse nous apprend le prix décapant des choses, comme des crayons que l’on taille. Notre tristesse nous apprend à choisir entre la bonne et la mauvaise tristesse, entre :
- la léthargie de la blessure
- la vengeance face au mal et à l’absurde
- la colère comme aumône inversée
- la tristesse glaçante de l’irréparable
- ou la fécondité du ressac et de la permanence, au cœur même de ce qui s’efface.
5. La rivière souterraine : ne pas avoir peur du passé
« La tristesse est le noyau de mes douleurs. »
N’ayons pas peur de partager les larmes et les ombres de ce qui abreuvera la vie.
Au cœur de ce qui a disparu, nous pouvons construire l’a-venir !
6. Le pays qui n’a pas de nom : de nouveaux projets pour avancer
« Nous ne sommes tristes, au fond, que de ce que nous n’avons pas encore accompli et dont nous n’avons pas encore les ressorts. La tristesse est ma vie en attente de son œuvre. »
7. Nos soifs en souffrance : connaître pour naître avec
Nous recherchons dans les livres un débordement qui nous fait peur. Quel est le savoir qui me pousse en avant ?
– celui de la connaissance figée d’un solipsisme, ne débouchant pas sur une beauté ou une action concrète à partager ?
– ou celui de l’espérance, dans cet élan de mon désir vers quelqu’un d’autre ?
8. La grâce du cœur triste : de qui suis-je responsable ?
« La tristesse, c’est le métier d’homme qui rentre, m’invite à la vigilance face à mon amour inemployé qui ne demande qu’à vivre.
La tristesse est la pertinence de mes réponses » à aimer et à agir.
9. Tirer une limpidité de la tristesse : ne pas rester les deux pieds dans le même sabot
« La tristesse a un avant-goût d’éternel, elle me fait découvrir créature spirituelle, travaillée par l’invisible et l’indicible.
Elle est une prière qui ne dit pas son nom, et m’empêche d’être sédentaire pour écouter ce qui me pousse vers la vie et l’accueil du monde. »
10. Lettre à un jeune poète : naître à l’instant à venir
Ma tristesse, c’est l’enfant que j’étais qui me regarde et me demande : que veux-tu ? Le regret, le remords, ou la métamorphose ?
« La tristesse est un carrefour. Elle est ce moment où je retiens mon souffle devant
– l’impossibilité de m’arrêter,
– la difficulté d’accomplir le premier pas
– pour rejoindre l’inconnu qui est là devant moi.
La tristesse est une preuve de vie. »
11. Le don de double vue : ne pas s’enliser dans hier pour construire demain
« La tristesse dit notre communauté de destin, elle est notre conscience que toute vie :
– est un destin irrévocable du passé,
– mais aussi destinée confiante en train de construire l’avenir. »
12. L’amer savoir de l’amour : oser se donner à fond
« Nos amours ne sont jamais le tout de l’amour, leur désir ne peut être assouvi autrement que par plus vaste. »
Tout amour est appel à plus grand que soi, appel à se donner.
13. Je ne te parle que pour t’apprendre à espérer : pourquoi suis-je triste ?
Ma tristesse va-t-elle être un obstacle, un objectif en soi qui me coupera les ailes ?
Ou sera-t-elle la confiance tournée vers ce que je désire et souhaite, au-delà de ce qui n’a pas pu ou ne peut pas être ?
La vraie question est pourquoi suis-je triste, au-delà du plaisir de souffrir, du dégoût de la vie, qui sont de fausses complaisances avec moi-même.
14. La tristesse creuset de la joie : apprendre à œuvrer
« Ma tristesse est l’ouvrière de ma joie, elle la prépare.
Elle te mène à la confiance et à l’espérance.
C’est le temps qu’il te faut pour comprendre. Pour ouvrir les yeux sur ce qu’il te faut. Elle le sait. Elle te devance. »
15. Des tristesses dont ce livre ne parle pas : quelle tristesse nourrira votre joie ?
Au final, la tristesse féconde distillée tout au long du livre d’Emmanuel Godo est
- le travail, la traversée et l’œuvre de l’invisible, temps nécessaire pour qu’advienne la vraie joie,
- la beauté de l’indicible, qui ne se laisse pas enfermer dans un savoir solitaire mais invite à la rencontre,
- la force du silence qui se tait pour accueillir la vie, le monde, l’amour, l’autre,
- la paix de la compréhension profonde de ses désirs et aspirations essentielles,
- la douceur de la vérité sans fard et sans regret autre que celui de vouloir continuer à se donner encore et encore,
- la joie et dignité de se donner , même quand on est incompris et non reconnu.
Au-delà de nos tristesses, voici quatre portes pour ouvrir et activer des possibles.
L’intériorité, une ressource précieuse à travailler
« Il y a en moi plus grand que moi. En chacun de nous une porte ouvre sur l’infini, l’illimité. Parfois nous la poussons, parfois elle s’ouvre d’elle-même, nous laissant pantois. Cette porte pour les uns sera
1) la beauté, car le beau nous fait du bien
2) pour les autres la nature, l’art, la musique,
3) la science, la lecture, la découverte intellectuelle,
4) l’amour, tout ce qui peut nous amener à vivre, momentanément, en dehors de nos limites, nous ouvre l’infini en nous ravissant, nous projetant dans un élan vers. Dans ces heures étoilées, où l’infini nous a rejoints, nous quittons ce que nous sommes, l’homme réel, pour aller vers l’homme possible, celui que nous pouvons devenir et que nous sommes appelés à devenir. »
Notes d’une conférence de Marie-France Chauvelot sur l’intériorité, 11/11/2018